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La
chauffe au mazout
La locomotive à vapeur,
c'est du charbon et de l'eau. Mais d'autres
techniques de chauffe ont toujours été
essayées à diverses époques, soit pour
pallier la rareté du charbon dans
certains pays, soit pour éviter les
inconvénients propres à la chauffe au
charbon, qui demande des nettoyages
fastidieux et une conduite du feu très
délicate. Le mazout a donné d'excellents
résultats, surtout vers la fin de la
traction vapeur.

La "devanture"
de chaudière d'une 141 R équipée pour
la chauffe au mazout (photo SNCF
collection C. Lamming)
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"Fuel",
"fuel-oil", fioule, mazout,
"gas-oil", gazole ?
Mais comment donc appeler ce
produit issu du raffinage du pétrole et
qui fait tant parler de lui actuellement
avec les moteurs diesel de nos
automobiles, poids lourds et navires ou
encore le chauffage de nos maisons ? Le
raffinage du pétrole permet d'obtenir de
très nombreux produits spécifiques,
grâce à la séparation des mélanges d'hydrocarbures,
l'élimination des éléments
indésirables et la synthèse de corps
nouveaux. L'opération fondamentale est
la distillation fractionnée continue qui
permet de séparer les produits légers,
distillés en tête de tour et puis
condensés, les produits intermédiaires,
soutirés latéralement, et les produits
lourds ou résidus, extraits en fond de
tour. Tous ces produits doivent être
traités et ne peuvent être utilisés
directement. On obtiendra des gaz
liquéfiés (butane, propane), de l'essence
directe qui est à réformer
catalyctiquement pour donner des
carburants de type automobile ou aviation,
le kérosène utilisé pour les
réacteurs d'avion et le gazole utilisé
pour les moteurs diesel. Le fioule est un
produit lourd (huile combustible) appelé
encore mazout. Enfin, les paraffines et
bitumes sont des produits lourds, eux
aussi, mais obtenus par distillation sous
vide des résidus. Le terme de "fuel-oil"
(ou encore abrégé en "fuel")
est anglais et a récemment été
francisé en fioule, synonyme de mazout.
Celui de "gas-oil" est devenu,
pour les mêmes raisons, gazole.
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Les premiers essais
Ils ont commencé en 1887 en
Roumanie, pays manquant de charbon. A la
suite du succès de ces essais, l'emploi
du mazout s'est répandu en Russie, en
Asie, mais sous la forme de la chauffe
mixte avec projection de mazout sur le
charbon. Bien entendu, la présence de
champs pétrolifères aux Etats-Unis a
conduit ce pays à équiper un très
grand nombre de ses locomotives à vapeur.
Au lendemain de la Seconde Guerre
mondiale, les réseaux des Etats-Unis
consomment 17.000.000 de tonnes de mazout
et 124.000.000 de tonnes de charbon, soit
14 % du mazout et 20 % du charbon produit
sur place. La France s'intéresse au
mazout au lendemain de la Première
Guerre mondiale, le charbon étant devenu
très cher. Mais elle déséquipe ses
locomotives une fois la crise passée.
Ele ne renouera avec le mazout que lors
de l'importation massive des 141 R
américaines au lendemain de la Seconde
Guerre mondiale. L'Angleterre en fait de
même durant les grèves minières de
1912, 1921 et 1926, puis abandonne cette
technique pour la retrouver, comme en
France, au lendemain de la guerre.
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Un très rare
cliché montrant le remplissage du tender
de la locomotive carénée à cabine
avancée type 230 E dont la chaudière
Velox est chauffée au mazout. (230 E 93)
(photo P. Decroix)
Un exemple : les
essais du PLM en 1920
Le réseau français du
Paris-Lyon-Méditerranée décide de
faire l'essai de la chauffe au mazout
dès 1919 sur des locomotives de
manoeuvres. La transformation de 35
locomotives dans les ateliers de
Villeneuve-Saint-Georges coûte environ
450.000 francs mais permet une économie
annuelle de 300.000 francs, car le
charbon, au lendemain de la Première
Guerre mondiale, est devenu très cher.
Devant les excellents résultats obtenus,
la compagnie transforme ensuite 90
locomotives pour les dépôts de
Villeneuve, Paris et Lyon. La pression de
marche est atteinte en 1h30 au lieu de 2h30
à 3h par le charbon. La conduite du feu
est très simple et permet même, pour
les machines de manoeuvres, de se passer
de chauffeur, le mécanicien assurant
seul le tout.
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