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Les
explosions de chaudière
Eh bien oui, c'est
arrivé quelquefois ! Rarement, quand
même, mais cela faisait des dégâts et,
hélas, des morts au sein des équipes de
conduite. C'est la grande crainte des
débuts, et bien des gens refusent de
prendre le train pour cette raison. Mais
les millions de gens qui, annuellement,
prennent tranquillement les premiers
trains doivent se dire que le pire n'est
jamais certain !

Vision
explosive d'une locomotive éventrée à
la fin du XIXe siècle, notez le wagon de
marchandises renversé, témoignant de la
violence du souffle de l'explosion (Deutches
Museum Munchen)
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L'histoire
de la pression
La machine à vapeur, telle
que Papin, Newcomen, Watt et tant d'autres
pionniers la définissent initialement,
utilise la pression créée par l'eau qui,
portée à ébullition dans un récipient
clos et étanche (la chaudière, dans
notre cas), se transforme en vapeur.
Simple, connu des ménagères depuis des
siècles à force de voir les couvercles
des casseroles et des lessiveuses se
soulever, ce principe permet de disposer
d'une très grande force motrice, à
condition toutefois d'élever la
température de l'eau et d'augmenter les
surfaces de contact entre les gaz chauds
provenant du feu et l'eau contenue dans
la chaudière. Si les premières
locomotives utilisent, en fait de
chaudière, une simple bouilloire en fer,
celles de Marc Seguin et de George
Stephenson, à partir de 1829-1830,
utilisent la chaudière tubulaire
comportant intérieurement des tubes
parcourus par les gaz du foyer. La
production de vapeur est à la fois plus
rapide et plus importante, et il est
désormais possible de l'emmagasiner à
une plus forte pression pour en tirer une
puissance accrue. Cette pression sera
multipliée par dix tout au long de l'histoire
de la locomotive à vapeur : de 1,76 kg/cm²
pour la "Locomotion", par
exemple, à 20 kg/cm² pour les types
Pacific ou Mountain les plus performantes
des années 30.
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Le niveau d'eau : à
surveiller sans relâche !
Les chaudières des
locomotives comportent un foyer de forme
parallélépipédique d'où les gaz
chauds de la combustion s'échappent en
parcourant le faisceau tubulaire entouré
de l'eau du corps cylindrique. Les gaz
chauds abandonnent donc à l'eau, par
rayonnement et conductibilité, la
majeure partie de leur chaleur, ce qui
transforme l'eau en vapeur d'eau. Puis,
ces gaz s'échappent dans l'atmosphère
par la boîte à fumée et la cheminée,
disposée à l'avant du corps cylindrique.
Il n'y a donc rien de critique en soi
dans cette disposition, sauf si l'eau
vient à manquer : dans ce cas, le feu,
au lieu de chauffer du métal entouré d'eau
froide, chauffe du métal entouré de
vapeur : la température monte alors
dangeureusement et peut atteindre
plusieurs centaines de degrés très
rapidement. La pression de la vapeur
devient telle qu'elle fait exploser la
chaudière là où le feu chauffe le plus
fort et a fragilisé le métal, le
chauffant à blanc : en général, c'est
la plaque tubulaire ou le ciel du foyer.

Autre vision,
il semble que l'explosion se soit
produite au niveau des tubulures de la
chaudière. (Collection Lamming)
Ne pas "fondre
les plombs"
Le travail du chauffeur, sur
la locomotive, consiste à produire de la
vapeur et, donc, à "conduire le feu"
de manière qu'une quantité de vapeur
suffisante soit disponible au moment des
accélérations, des rampes, des parcours
à grande vitesse. Il charge le feu avec
sa pelle, il répartit le charbon sur le
feu, il surveille le feu pour éviter la
formation de mâchefer ou l'accumulation
de cendres qui pourraient étouffer le
feu. Les conséquences d'une mauvaise
conduite du feu, toutefois, ne sont pas
dangereuses : la locomotive perd sa
puissance, s'arrête, et l'on dit que le
chauffeur "a planté un chou".
Il en est quitte pour un blâme et une
amende, car il a fait perdre du temps et
de l'argent à la compagnie. Par contre,
la surveillance du niveau de l'eau est
primordiale. Il a devant lui un ou deux
niveaux à tube en verre, et celui-ci
doit toujours contenir de l'eau. Le
manque d'eau peut provenir d'une panne
des injecteurs ou, plus simplement, d'un
oubli de remplir le tender. Il faut
immédiatement "basculer le feu",
c'est-à-dire le jeter sur la voie.
Après les premières explosions et pour
éviter si possible leur renouvellement,
les ingénieurs ont placé des passages
"entre le foyer et la chaudière"
obturés en permanence par des "plombs"
qui, en cas d'excès de chaleur, fondent
: l'eau encore contenue dans la
chaudière vient alors inonder le foyer
et éteint le feu. On appelle cela "fondre
les plombs". Il est arrivé
toutefois, et jusqu'à la fin de la
traction vapeur, que la vapeur,
malheureusement, ait été plus rapide
que les plombs, créant des explosions
épouvantables.
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